Le fofo à tonio
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le fofo à tonio

Le fofo à tonio

-20%
Le deal à ne pas rater :
-20% Récupérateur à eau mural 300 litres (Anthracite)
79 € 99 €
Voir le deal

Vous n'êtes pas connecté. Connectez-vous ou enregistrez-vous

Articles

5 participants

Aller en bas  Message [Page 1 sur 1]

1Articles Empty Articles Mer 8 Sep - 0:15

Corentin

Corentin

Les amis, je vous propose ( suite à l'idée de Gilles ) de mettre ici les articles que l'on souhaite publier.
Je vous mets là un texte mal léché, long, peut être pas dans le ton, inachevé, que j'avais commencé il y a un moment. Il touche Roger Claessen ( Maxime, je te refuse le droit de rigoler ), joueur de foot belge des années 60, au standard de Liège. Je sais que je suis inscrit en littérature et non en sport, mais, je vous soumet ça à avis, si vous pensez que ça peut être intéressant que je le refasse et que je le finisse.










Les coups de foudre réels n’existent pas. J’entends qu’il n’y a pas de coup de foudre physique entre êtres humains. Il n’y en a jamais eu et il n’y en aura jamais, je suis formel. Du vent ! Un mythe ! Rien de plus. Pas la peine de se focaliser et de se formaliser sur un petit couple banal qui prétend s’être séduit au « premier coup d’œil. » Celui qui pense avoir décelée l’âme sœur chez son conjoint dès les premières secondes est un imbécile. Il n’y a plus à débattre de ceci, surtout lorsque ce n’est pas le sujet.
Non, le seul amour entier et instantané possible est l’amour artistique. Englober de tout son cœur un artiste, un homme dès la connaissance de l’une de ses œuvres ou des lignes qui le racontent – amour par l’art – est bien le seul moyen de voir surgir l’arme de Zeus. Oui, d’abord le voir cet éclat de lumière qui illumine jusqu’aux champs les plus empêtrés d’obscurité. C’est physique, au commencement est la lumière. Les trois coups théâtraux sont un crime, il faut commencer par le visuel, attirer l’attention par une fulgurante illumination. Ensuite seulement peut venir le bruit. Le fracas patiente avant d’entrer en scène. Il nous bouscule le crâne alors que l’on ne l’attendait plus, pour nous rappeler l’éclair qui le précéda. Le temps entre les deux manifestations divines est variable, c’est ce qui fait sa force. Il est imprévisible. C’est un outil de mesure comme peut l’être une règle d’écolier, il sert à calculer la distance qu’il nous reste à faire jusqu’au point de chute. Commence alors le beau chemin vers ce qui a provoqué la splendide jalousie de l’Olympe.
Mon dernier coup de foudre – ils sont rares – est récent. Avant lui, il y eut, entre autres, Céline. Mon nouvel héros est né alors que Louis-Ferdinand publiait son dernier pamphlet : Les Beaux Draps, avant de se remettre au roman pour l’ultime trilogie.
Passionné de football, je lisais sur mon lit un magazine consacré à ce sport. Comme ils en existent des beaucoup moins bêtes que la caricature veut bien le laisser croire, celui qui était dans mes mains me gratifiait d’un article « légende ». C’est la moindre des choses pour un sport plus que centenaire. S’intéresser à son histoire n’a rien d’extraordinaire, même si aujourd’hui, peu ont l’intelligence ou la curiosité – ce qui revient au même – d’aller voir ce qui s’est passé pré-France98.
Quatre pleines pages sur l’artiste. L’article écrit en blanc sur fond noir brillant. Jeu de mot pour titre : Claessen X. Plutôt bien trouvé, quoique pas très éloigné de l’humour made in Ruquier. Suffisamment tape à l’œil pour que je m’y plonge à corps perdu. Nouvelle apparition divine : Claessen mon amour.

Idolâtrer Roger Claessen ne s’explique pas. Mieux vaut éviter les commentaires. On entre dans sa vie comme on entre en religion. C’est d’ailleurs par là qu’il a commencé, gamin. Sixième et dernier né d’une famille catholique, il trimbala sa jeune carcasse dans toutes les institutions qui peuvent se trouver sur la route d’un gosse destiné à entrer dans les ordres. Rien d’extraordinaire à cela lorsqu’on voit le jour dans les années 40. Mais c’était peine perdue, le Messie ne peut devenir prêtre. Il lui fallait faire des adorateurs, pas adorer. Il gardera qu’en même ses élans mystiques ; impossible de se détacher d’une enfance au sein d’une famille si chrétienne. Vouloir s’en séparer, en refusant adulte la discipline qu’on lui avait imposé minot, ne revenait qu’à la réaffirmer. On ne peut annihiler ses années en culottes courtes ; tout n’est qu’opposition ou continuation de celles-ci. Pas moyen d’en démordre. Chez Roger, cela offre une merveilleuse complexité. S’envoyer à toute berlingue dans une énième Alpha Romeo ou aller prier des heures durant dans la sérénité la plus parfaite, that is his question.

Roger Claessen est donc né le 27 septembre 1941 à Warsage, petite bourgade belge située dans la région Wallonne. On y parle français comme à Liège où il s’est éteint le 3 octobre 1982. Les dates sont posées. Si vous faites le calcul - très simple - vous arrivez à la conclusion qu’il a commencé à bouffer les racines de picenlit à l’âge de 41 ans. Il est toujours trop tôt pour se mettre à la table de ce banquet végétarien, même pour un écolo. Comme il n’a vécu qu’une moitié de vie, il n’a retenu que la première moitié du nom de son bled natal : War. Il a zappé le mot sage, pas eut le temps, pas envie. Son existence est une guerre, c’est tout. Une guerre contre l’ennui, une guerre contre le médiocre. Tant pis pour les morts que ça causerait, ils ne pouvaient qu’avoir tord.
Roger Claessen est mon idéal footballistique – comme on parle d’idéal féminin ou d’idéal artistique. Dans ma tête, c’est une fantasmagorie ; la rationalité est chassé pour laisser place à toute la mystique qu’il représente. Aujourd’hui plus que jamais, il faut être Claessenement réactionnaire. Montrer par lui toute la grâce d’un sport qui quoi qu’on en dise perd de sa superbe. Bien sur, il n’est pas le seul phare d’une époque révolue. On ne peut oublier les Best, Cruyff et autres héros cosmiques ; tous ces joueurs qui ont fait les beaux jours de la génération de mes parents. Tout cela est mort avec Maradona et Cantona. J’ai définitivement un temps de retard en tout. Hors jeu le mec ! Ils ne m’ont pas attendu, c’est affreux. Je n’aurais pas eu le loisir de voir évoluer des types de cette trempe. Plus rien n’était fait pour eux. L’heure est à l’argent seule motivation du premier footeux professionnel, l’heure est à la langue de bois, au joueur aussi lisse qu’idiot. Le roi est mort, vive le vide.
Claessen donc. Pour continuer à espérer. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Peut être parce que l’histoire l’a un peu plus oublié, surement parce qu’il avait en plus une profonde admiration pour la littérature en générale et pour Dostoïevski en particulier. Dans ce milieu devenu si policé à sa manière, il faut voir le belge comme un homme, un vrai. Toute sa vie il a pensé le foot comme un plaisir. On l’imagine facilement considérer que le sport n’est qu’un art mineur – puisqu’il connaissait les autres ! – comme Gainsbourg considérait la chanson. Le football n’était pas tout. S’il avait été prêt à faire les efforts – et donc à sacrifier une partie de sa vie – on trouverait aujourd’hui sa face si incroyablement masculine sur des tonnes de t-shirts. Tant mieux qu’il se soit abstenu, qu’il soit resté fidèle à ce qu’il devait être : pas un footballeur : un monsieur. Vouloir le réduire au gazon vert n’a aucun sens. Roger fait éclater les lignes de touches ! Laissez lui de la place, Claessen fait exploser les stades !
Quels stades ? Celui du Standard de Liège d’abord, évidemment ! Le stade Maurice Dufrasne : l’enfer de Sclessin ! Réputé pour la ferveur de ses tribunes. C’est là qu’il a trouvé ses supporters les plus fidèles, le plus endiablés ! Quel régal pour eux de voir un week-end sur deux ce géant enchaîner les buts dans une ambiance de folie. Dix saisons avec les rouges, 229 matchs pour 161 buts : si ce n’est pas une histoire d’amour ça !
Mais la première fois que je l’ai vu jouer – dans une vidéo que l’on peut retrouver grâce au site de l’INA – c’était dans une enceinte qui a un goût particulier pour moi : Marcel Saupin.

2Articles Empty Re: Articles Mer 8 Sep - 1:06

Antoine

Antoine

Célne, So Foot et Gainsbourg. Bienvenue au premier article!

(Il faudra aérer un peu le texte)

3Articles Empty Re: Articles Mer 8 Sep - 9:09

Gilles

Gilles
Admin

Ouais, va falloir trouver des titres qui font envie de lire.
Et corriger le "qu'en même" (t'as craqué là Laughing )

https://fofotonio.forum-pro.fr

4Articles Empty Re: Articles Mer 8 Sep - 16:36

Antoine

Antoine

A finaliser, of course. Je n'ai pas la plume de Céline. (Dion, la chanteuse de Las Vegas).


HARVEST-Neil Young.1972



Il y a des trucs qui vous marquent, à vie.

Ma madeleine de Proust, son nom à elle, c’est Neil Young, c’est « Harvest ».

Quand j’étais gosse, mon père mettait « Harvest » dans le radiocassette de la R21.

Les premières notes, et je voyais la soirée d’été se transformer en un truc magique.

« Harvest ».

En 1972, Neil Young a 27 ans. Et il fait un putain d’album.

A la première écoute, le son est propret, d’époque. Il y a des cordes, il y a des chœurs. Tout ce que je déteste.

Et pourtant.

Et pourtant, cet album sent la poussière, celle d’un vieux bouquin, celle d’une grange. Les récoltes… Un mélange de blues et de folk. Trop propre pour les puristes, des ânes qui passaient à coté du nouveau Dylan à Newport, 7 ans plus tôt.

Old Man. Alabama. Heart of Gold. Trois joyaux purs. Le loner était loin de son électricité, fragile, peut-être, au fond si fort. On sent les guitares à deux doigts de hurler. Y

Le seul reproche que je puisse faire à cet album ? Alabama, traitant du racisme dans le deep south a crée un monstre du Rock FM : Sweet Home Alabama, des navrants Lynyrd Skynyrd. La réponse. Le clash. Ils citent meme le nom de Neil Young dans leur guimauve de cow-boys.
Pas loin d’Alabama, Georgia on my mind, guys...

N’ayez pas peur de ce truc, “Harvest” sera toujours près de vous. La voix de Young est bancale, nasillarde. Elle le sera toujours. Et alors ? Elle guérira vos spleens et guidera vos joies. Pas moins.

« On reconnaît le bonheur, paraît-il, Au bruit qu’il fait quand il s’en va » a écrit Prévert.

Tant que j’aurai « Harvest », ça ira…

Faites de même.

Nul ne peut prétendre avoir une discothèque complète sans cet album.

5Articles Empty Re: Articles Mer 8 Sep - 22:50

Corentin

Corentin

Bon j'essaie de refaire mon article ce soir: supprimer certaines trucs trop pompeux et le finir.

6Articles Empty Re: Articles Jeu 9 Sep - 0:12

Antoine

Antoine

Ouais et tu fais un article sur un album de ton choix.

Ce n'est pas une question, t'es le dernier arrivé chez les mecs. Cool

7Articles Empty Re: Articles Jeu 9 Sep - 0:40

Corentin

Corentin

Les coups de foudre réels n’existent pas. J’entends qu’il n’y a pas de coup de foudre physique entre êtres humains. Il n’y en a jamais eu et il n’y en aura jamais, je suis formel. Du vent ! Un mythe ! Rien de plus.
Non, le seul amour entier et instantané possible est l’amour artistique. Englober de tout son cœur un artiste, un homme dès la connaissance de l’une de ses œuvres ou des lignes qui le racontent – amour par l’art – est bien le seul moyen de voir surgir l’arme de Zeus. Oui, d’abord le voir cet éclat de lumière qui illumine jusqu’aux champs les plus empêtrés d’obscurité, les esprits les plus noirs. C’est physique, au commencement est la lumière. Les trois coups théâtraux sont un crime, il faut commencer par le visuel, attirer l’attention par une fulgurante illumination. Ensuite seulement peut venir le bruit. Le fracas patiente avant d’entrer en scène. Il nous bouscule le crâne alors que l’on ne l’attendait plus, pour nous rappeler l’éclair qui le précéda. Le temps entre les deux manifestations divines est variable, c’est ce qui fait sa force. Il est imprévisible. C’est un outil de mesure comme peut l’être une règle d’écolier, il sert à calculer la distance qu’il nous reste à faire jusqu’au point de chute. Commence alors le beau chemin vers ce qui a provoqué la splendide jalousie de l’Olympe.

Mon dernier coup de foudre est récent. Passionné de football, je lisais sur mon lit un magazine consacré à ce sport. Comme ils en existent des beaucoup moins bêtes que la caricature veut bien le laisser croire, celui qui était dans mes mains me gratifiait d’un article « légende ». C’est la moindre des choses pour un sport plus que centenaire. S’intéresser à son histoire n’a rien d’extraordinaire, même si aujourd’hui, peu ont l’intelligence ou la curiosité – ce qui revient au même – d’aller voir ce qui s’est passé pré-France98.
Quatre pleines pages sur l’artiste. L’article écrit en blanc sur fond noir brillant. Jeu de mot pour titre : Claessen X. Suffisamment tape à l’œil pour que je m’y plonge à corps perdu. Nouvelle apparition divine : Claessen mon amour.

Idolâtrer Roger Claessen ne s’explique pas. Mieux vaut éviter les commentaires. On entre dans sa vie comme on entre en religion. C’est d’ailleurs par là qu’il a commencé, gamin. Sixième et dernier né d’une famille catholique, il trimbala sa jeune carcasse dans toutes les institutions qui peuvent se trouver sur la route d’un gosse destiné à entrer dans les ordres. Rien d’extraordinaire à cela dans les années 40. Mais c’était peine perdue, le Messie ne peut devenir prêtre. Il lui fallait faire des adorateurs, pas adorer. Il gardera quand même ses élans mystiques ; impossible de se détacher d’une enfance au sein d’une famille si pieuse. Chez Roger, cela offre une merveilleuse complexité. S’envoyer à toute berlingue dans une énième Alpha Romeo ou aller prier des heures durant dans la sérénité la plus parfaite, that is his question.

Roger Claessen est donc né le 27 septembre 1941 à Warsage, petite bourgade belge située dans la région Wallonne. On y parle français comme à Liège où il s’est éteint le 3 octobre 1982. Les dates sont posées. Si vous faites le calcul - très simple - vous arrivez à la conclusion qu’il a commencé à bouffer les racines de picenlit à l’âge de 41 ans. Il est toujours trop tôt pour se mettre à la table de ce banquet végétarien, même pour un écolo. Comme il n’a vécu qu’une moitié de vie, il n’a retenu que la première moitié du nom de son bled natal : War. Il a zappé le mot sage, pas eut le temps, pas envie. Son existence est une guerre, c’est tout. Une guerre contre l’ennui, une guerre contre le médiocre. Tant pis pour les morts que ça causerait, ils ne pouvaient qu’avoir tord.
Roger Claessen est mon idéal footballistique – comme on parle d’idéal féminin ou d’idéal artistique. Dans ma tête, c’est une fantasmagorie ; je canalise en lui tout ce que j’attend d’un sportif. Aujourd’hui plus que jamais, il faut être Claessenement réactionnaire. Montrer par lui toute la grâce d’un sport qui quoi qu’on en dise perd de sa superbe. Bien sur, il n’est pas le seul phare d’une époque révolue. On ne peut oublier les Best, Cruyff et autres héros cosmiques ; tous ces joueurs qui ont fait les beaux jours de la génération de mes parents. Tout cela est mort avec Maradona, Cantona et l’arrêt Bosman. J’ai définitivement un temps de retard en tout. Hors jeu le mec ! Ils ne m’ont pas attendu, c’est affreux. Je n’aurais pas eu le loisir de voir évoluer des types de cette trempe. Plus rien n’était fait pour eux. L’heure est à l’argent seule motivation du premier footeux professionnel, l’heure est à la langue de bois, au joueur aussi lisse qu’idiot. Le roi est mort, vive le vide.

Claessen donc. Pour continuer à espérer. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Peut être parce que l’histoire l’a un peu plus oublié, surement parce qu’il avait en plus une profonde admiration pour la littérature en générale et pour Dostoïevski en particulier. Toute sa vie il a pensé le foot comme un plaisir. On l’imagine facilement considérer que le sport n’est qu’un art mineur – puisqu’il connaissait les autres ! – comme Gainsbourg qui, quelques années plus tard, prononçait la même sentence sur la chanson. Le football n’était pas tout. S’il avait été prêt à faire les efforts – et donc à sacrifier une partie de sa vie – on trouverait aujourd’hui sa face si incroyablement masculine sur des tonnes de t-shirts. Tant mieux qu’il se soit abstenu, qu’il soit resté fidèle à ce qu’il devait être : pas un footballeur : un monsieur. Vouloir le réduire au gazon vert n’a aucun sens. Roger fait éclater les lignes de touches ! Laissez lui de la place, Claessen fait exploser les stades !
Quels stades ? Celui du Standard de Liège d’abord, évidemment ! Le stade Maurice Dufrasne : l’enfer de Sclessin ! Réputé pour la ferveur de ses tribunes. C’est là qu’il a trouvé ses supporters les plus fidèles, le plus endiablés ! Quel régal pour eux de voir un week-end sur deux ce géant enchaîner les buts dans une ambiance de folie. Dix saisons avec les rouges, 229 matchs pour 161 buts : si ce n’est pas une histoire d’amour ça ! Mais la seule vidéo où je l’ai vu jouer c’était dans une enceinte qui a un goût particulier pour moi : Marcel Saupin, à Nantes. Roger dans le temple du beau jeu, quoi de plus normal. A l’occasion d’un match France-Belgique commenté, déjà !, par un certain Thierry Roland, seul vestige de cette époque.

J’ai cherché un peu partout des informations sur « Roger-la-honte ». J’ai navigué sur de trop rares sites, rencontré quelques anecdotes, dont les plus croustillantes se trouvaient déjà dans l’article initial, qui ont renforcé mon admiration. Puis, j’ai appris que lui avait été consacré une biographie, une seule, alors qu’il est passé sous silence dans tous les livres de foot. Malheureusement, il fallait s’y attendre, celle-ci est épuisée. Des jours durant, j’ai veillé sur Ebay, sur priceminister, dans l’espoir de pouvoir l’acquérir. Sans succès. J’ai écrit à son fils. Sans réponse. Je ne désespère pas de l’avoir un jour dans les mains, mais je laisse maintenant ce soin au hasard. Si, un jour, dans une vieille bouquinerie, dans une brocante ou à la grande braderie de Lille, vous tombez sur un « Roger-la-honte » d’un certain Christian Hubert, vous savez comme moi ce que vous avez à faire : ne pas hésiter ! Vous y apprendrez qu’en plus d’être un grand joueur, c’était un homme bien. J’en veux pour preuve ne serait-ce que deux exemples.
En mars 1967, il joue un match retour de quart de final de Coupe des Coupes. Le match aller s’est soldé par une défaite 2-1 du Standard, à l’extérieur. Première mi-temps : Claessen est blessé à l’épaule tant le match est rude, dur. La mi-temps n’est pas sifflé que Roger doit rejoindre le vestiaire… Les supporters rouges jusque là chauds comme la braise voient petit à petit leurs espoirs s’amenuiser. Surtout que le coach ne peut pas effectuer de changement. Toujours 0-0 à trente minutes du terme. Et là, ils voient Dieu revenir sur le terrain, le bras en écharpe. Un but et une passe décisive. 2-0. Dieu, je vous ai dit. On apprendra plus tard qu’il souffrait d’une fracture du bras dont il avait calmer la douleur par une grande rasade de whisky !
Il ne pouvait que devenir le mythe de toute une population ! Lui qui, en plus, adorait aller boire des coups avec les mecs qui venaient le voir jouer le week-end. Pas dans la demi-mesure, il brulait la vie par les deux bouts. Ce qui lui a parfois valu une certaine incompréhension de la part de ses dirigeants. En ressortira, par exemple, cette discussion hallucinante avec son président :
«_ Voilà Roger, tu dépenses trop d’argent. Pour finir, tu n’auras plus rien. A partir de maintenant, je verserai la moitié de ton salaire sur le compte de ta maman et l’autre moitié sur ton compte personnel. » Il acquiesça, quitta la pièce et revint:
«_A propos, Monsieur Petit, n’oubliez pas, pour dimanche...
_ Quoi Dimanche?
_ Prévenez ma mère que je jouerai la première mi-temps, mais que c’est elle qui disputera la deuxième!»

A l’heure où l’on ne parle que de la scission de la Belgique, du rattachement de la Wallonie à l’hexagone, je me dis que c’est définitivement trop tard. Cela aurait dû arriver cinquante ans plus tôt. On aurait alors récupéré Roger Claessen, on aurait alors put l’associer à Raymond Kopa, pour marquer l’histoire une bonne fois pour toutes.





Si vous y voyez des fautes... Je ferais pour ma part une relecture demain.

8Articles Empty Re: Articles Jeu 9 Sep - 0:49

Antoine

Antoine

Je le relirai demain, mais ça me semble vraiment, vraiment bon.

Il faudra voir la mise en page, mais sinon nickel.

Tu comptes faire chaque article dans ces proportions?

9Articles Empty Re: Articles Jeu 9 Sep - 15:47

KoZ

KoZ
Admin

Pas mal du tout!

Et on l'illustre par quoi? A propos, vous connaitriez pas un dessinateur en herbe pour illustrer les livres ou le ciné, c'est sympa,je trouve.

10Articles Empty Re: Articles Jeu 9 Sep - 17:39

Maxime

Maxime

Corentin a écrit: Les coups de foudre réels n’existent pas. J’entends qu’il n’y a pas de coup de foudre physique entre êtres humains. Il n’y en a jamais eu et il n’y en aura jamais, je suis formel. Du vent ! Un mythe ! Rien de plus.
Non, le seul amour entier et instantané possible est l’amour artistique. Englober de tout son cœur un artiste, un homme dès la connaissance de l’une de ses œuvres ou des lignes qui le racontent – amour par l’art – est bien le seul moyen de voir surgir l’arme de Zeus. Oui, d’abord le voir cet éclat de lumière qui illumine jusqu’aux champs les plus empêtrés d’obscurité, les esprits les plus noirs. C’est physique, au commencement est la lumière. Les trois coups théâtraux sont un crime, il faut commencer par le visuel, attirer l’attention par une fulgurante illumination. Ensuite seulement peut venir le bruit. Le fracas patiente avant d’entrer en scène. Il nous bouscule le crâne alors que l’on ne l’attendait plus, pour nous rappeler l’éclair qui le précéda. Le temps entre les deux manifestations divines est variable, c’est ce qui fait sa force. Il est imprévisible. C’est un outil de mesure comme peut l’être une règle d’écolier, il sert à calculer la distance qu’il nous reste à faire jusqu’au point de chute. Commence alors le beau chemin vers ce qui a provoqué la splendide jalousie de l’Olympe.

Mon dernier coup de foudre est récent. Passionné de football, je lisais sur mon lit un magazine consacré à ce sport. Comme ils en existent des beaucoup moins bêtes que la caricature veut bien le laisser croire, celui qui était dans mes mains me gratifiait d’un article « légende ». C’est la moindre des choses pour un sport plus que centenaire. S’intéresser à son histoire n’a rien d’extraordinaire, même si aujourd’hui, peu ont l’intelligence ou la curiosité – ce qui revient au même – d’aller voir ce qui s’est passé pré-France98.
Quatre pleines pages sur l’artiste. L’article écrit en blanc sur fond noir brillant. Jeu de mot pour titre : Claessen X. Suffisamment tape à l’œil pour que je m’y plonge à corps perdu. Nouvelle apparition divine : Claessen mon amour.

Idolâtrer Roger Claessen ne s’explique pas. Mieux vaut éviter les commentaires. On entre dans sa vie comme on entre en religion. C’est d’ailleurs par là qu’il a commencé, gamin. Sixième et dernier né d’une famille catholique, il trimbala sa jeune carcasse dans toutes les institutions qui peuvent se trouver sur la route d’un gosse destiné à entrer dans les ordres. Rien d’extraordinaire à cela dans les années 40. Mais c’était peine perdue, le Messie ne peut devenir prêtre. Il lui fallait faire des adorateurs, pas adorer. Il gardera quand même ses élans mystiques ; impossible de se détacher d’une enfance au sein d’une famille si pieuse. Chez Roger, cela offre une merveilleuse complexité. S’envoyer à toute berlingue dans une énième Alpha Romeo ou aller prier des heures durant dans la sérénité la plus parfaite, that is his question.

Roger Claessen est donc né le 27 septembre 1941 à Warsage, petite bourgade belge située dans la région Wallonne. On y parle français comme à Liège où il s’est éteint le 3 octobre 1982. Les dates sont posées. Si vous faites le calcul - très simple - vous arrivez à la conclusion qu’il a commencé à bouffer les racines de pissenlit à l’âge de 41 ans. Il est toujours trop tôt pour se mettre à la table de ce banquet végétarien, même pour un écolo. Comme il n’a vécu qu’une moitié de vie, il n’a retenu que la première moitié du nom de son bled natal : War. Il a zappé le mot sage, pas eu le temps, pas envie. Son existence est une guerre, c’est tout. Une guerre contre l’ennui, une guerre contre le médiocre. Tant pis pour les morts que ça causerait, ils ne pouvaient qu’avoir tort.
Roger Claessen est mon idéal footballistique – comme on parle d’idéal féminin ou d’idéal artistique. Dans ma tête, c’est une fantasmagorie ; je canalise en lui tout ce que j’attend d’un sportif. Aujourd’hui plus que jamais, il faut être Claessenement réactionnaire. Montrer par lui toute la grâce d’un sport qui quoi qu’on en dise perd de sa superbe. Bien sûr, il n’est pas le seul phare d’une époque révolue. On ne peut oublier les Best, Cruyff et autres héros cosmiques ; tous ces joueurs qui ont fait les beaux jours de la génération de mes parents. Tout cela est mort avec Maradona, Cantona et l’arrêt Bosman. J’ai définitivement un temps de retard en tout. Hors jeu le mec ! Ils ne m’ont pas attendu, c’est affreux. Je n’aurais pas eu le loisir de voir évoluer des types de cette trempe. Plus rien n’était fait pour eux. L’heure est à l’argent, seule motivation du premier footeux professionnel, l’heure est à la langue de bois, au joueur aussi lisse qu’idiot. Le roi est mort, vive le vide.

Claessen donc. Pour continuer à espérer. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Peut être parce que l’histoire l’a un peu plus oublié, sûrement parce qu’il avait en plus une profonde admiration pour la littérature en générale et pour Dostoïevski en particulier. Toute sa vie il a pensé le foot comme un plaisir. On l’imagine facilement considérer que le sport n’est qu’un art mineur – puisqu’il connaissait les autres ! – comme Gainsbourg qui, quelques années plus tard, prononçait la même sentence sur la chanson. Le football n’était pas tout. S’il avait été prêt à faire les efforts – et donc à sacrifier une partie de sa vie – on trouverait aujourd’hui sa face si incroyablement masculine sur des tonnes de t-shirts. Tant mieux qu’il se soit abstenu, qu’il soit resté fidèle à ce qu’il devait être ; pas un footballeur : un monsieur. Vouloir le réduire au gazon vert n’a aucun sens. Roger fait éclater les lignes de touches ! Laissez lui de la place, Claessen fait exploser les stades !
Quels stades ? Celui du Standard de Liège d’abord, évidemment ! Le stade Maurice Dufrasne : l’enfer de Sclessin ! Réputé pour la ferveur de ses tribunes. C’est là qu’il a trouvé ses supporters les plus fidèles, le plus endiablés ! Quel régal pour eux de voir un week-end sur deux ce géant enchaîner les buts dans une ambiance de folie. Dix saisons avec les rouges, 229 matchs pour 161 buts : si ce n’est pas une histoire d’amour ça ! Mais la seule vidéo où je l’ai vu jouer c’était dans une enceinte qui a un goût particulier pour moi : Marcel Saupin, à Nantes. Roger dans le temple du beau jeu, quoi de plus normal. A l’occasion d’un match France-Belgique commenté, déjà !, par un certain Thierry Roland, seul vestige de cette époque.

J’ai cherché un peu partout des informations sur « Roger-la-honte ». J’ai navigué sur de trop rares sites, rencontré quelques anecdotes, dont les plus croustillantes se trouvaient déjà dans l’article initial, qui ont renforcé mon admiration. Puis, j’ai appris que lui avait été consacrée une biographie, une seule, alors qu’il est passé sous silence dans tous les livres de foot. Malheureusement, il fallait s’y attendre, celle-ci est épuisée. Des jours durant, j’ai veillé sur Ebay, sur priceminister, dans l’espoir de pouvoir l’acquérir. Sans succès. J’ai écrit à son fils. Sans réponse. Je ne désespère pas de l’avoir un jour dans les mains, mais je laisse maintenant ce soin au hasard. Si, un jour, dans une vieille bouquinerie, dans une brocante ou à la grande braderie de Lille, vous tombez sur un « Roger-la-honte » d’un certain Christian Hubert, vous savez comme moi ce que vous avez à faire : ne pas hésiter ! Vous y apprendrez qu’en plus d’être un grand joueur, c’était un homme bien. J’en veux pour preuve ne serait-ce que deux exemples.
En mars 1967, il joue un match retour de quart de finale de Coupe des Coupes. Le match aller s’est soldé par une défaite 2-1 du Standard, à l’extérieur. Première mi-temps : Claessen est blessé à l’épaule tant le match est rude, dur. La mi-temps n’est pas sifflée que Roger doit rejoindre le vestiaire… Les supporters rouges jusque là chauds comme la braise voient petit à petit leurs espoirs s’amenuiser. Surtout que le coach ne peut pas effectuer de changement. Toujours 0-0 à trente minutes du terme. Et là, ils voient Dieu revenir sur le terrain, le bras en écharpe. Un but et une passe décisive. 2-0. Dieu, je vous ai dit. On apprendra plus tard qu’il souffrait d’une fracture du bras dont il avait calmé la douleur par une grande rasade de whisky !
Il ne pouvait que devenir le mythe de toute une population ! Lui qui, en plus, adorait aller boire des coups avec les mecs qui venaient le voir jouer le week-end. Pas dans la demi-mesure, il brûlait la vie par les deux bouts. Ce qui lui a parfois valu une certaine incompréhension de la part de ses dirigeants. En ressortira, par exemple, cette discussion hallucinante avec son président :
«_ Voilà Roger, tu dépenses trop d’argent. Pour finir, tu n’auras plus rien. A partir de maintenant, je verserai la moitié de ton salaire sur le compte de ta maman et l’autre moitié sur ton compte personnel. » Il acquiesça, quitta la pièce et revint:
«_A propos, Monsieur Petit, n’oubliez pas, pour dimanche...
_ Quoi Dimanche?
_ Prévenez ma mère que je jouerai la première mi-temps, mais que c’est elle qui disputera la deuxième!»

A l’heure où l’on ne parle que de la scission de la Belgique, du rattachement de la Wallonie à l’Hexagone, je me dis que c’est définitivement trop tard. Cela aurait dû arriver cinquante ans plus tôt. On aurait alors récupéré Roger Claessen, on aurait alors pu l’associer à Raymond Kopa, pour marquer l’histoire une bonne fois pour toutes.



Je me suis permis de corriger les quelques fautes de cet excellent article !
Il faudrait aussi mentionner en note de bas de page l'article (de SoFoot j'imagine) auquel tu fais référence !

11Articles Empty Re: Articles Jeu 9 Sep - 18:12

KoZ

KoZ
Admin

Il manque le titre (c'est important le titre!) et les tags à mettre en place.

12Articles Empty Re: Articles Jeu 9 Sep - 18:45

Antoine

Antoine

Des voir vos articles à coté du mien, j'ai l'impression de faire un concours de bites avec Rocco Sifreddi alors que je sortirai de la piscine... Embarassed

13Articles Empty Re: Articles Jeu 9 Sep - 20:12

Gilles

Gilles
Admin

ah


bon ben prévois pas de prendre une douche à côté de moi à l'urban Cool

https://fofotonio.forum-pro.fr

14Articles Empty Re: Articles Jeu 9 Sep - 20:36

Antoine

Antoine

Je viens en short, je repars en short. Je me douche chez moi, et avant j'honore mes femmes.

Ma vie est un film.

15Articles Empty Re: Articles Ven 10 Sep - 21:38

Corentin

Corentin

Merci pour la correction des fautes. Le titre de l'article devrait être: Diable, Claessen!
Pour la longueur, je n'ai pas trop l'habitude de faire dans la concision, j'ai même fait d'effort ici pour que ça ne soit pas trop long. Laughing
Et oui, je fais bien référence à SoFoot, sauf que je ne sais plus de quel mois il datait. Evil or Very Mad Laughing

16Articles Empty Re: Articles Ven 10 Sep - 22:10

Corentin

Corentin

La vie est folle.
J'ai vraiment cherché pendant 6 mois ce bouquin sur internet. Aujourd'hui, après avoir ravivé la flamme en vous livrant l'article, je passe, pour voir, sur ebay et y découvre le livre en achat immédiat à 8 euros ! Shocked
Je suis un homme heureux.

Contenu sponsorisé



Revenir en haut  Message [Page 1 sur 1]

Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum